Acide sulfurique - Amélie Nothomb
Présentation
Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle.
Mon avis
Je souhaite vous présenter ce livre parce qu'il m'a initiée à la dystopie, genre que j'affectionne particulièrement aujourd'hui. Je l'ai lu il y a trois ans et c'était en effet la première dystopie que j'avais lue et qui m'a bouleversée. Avant de commencer, je tiens à souligner la beauté de la couverture du roman qui est sublime selon moi.
L'héroïne de ce roman est Pannonique, une fille qui a été déportée de force dans un camp de concentration. Celui-ci, en plus d'être un lieu de souffrance, est également diffusé à la télévision en tant qu'émission de télé-réalité intitulée "Concentration". La dénonciation principale est claire dès la première phrase du roman, qui est celle que vous retrouvez au-dessus dans "Présentation". Le but de l'écrivaine n'était pas de dénoncer les crimes du second conflit mondial, malgré les références nombreuses : hormi le nom de l'émission, on y parle de "kapo" par exemple. Par contre, le roman est réellement truffé de phrases explicites dénonçant la population. Ce peuple qui regarde la télévision et qui, plus c'est atroce, plus il est fasciné et continue à regarder sans bouger. Pire encore, il a la possibilité de voter pour ceux qui seront exécutés. Et c'est là que se trouve toute la morale de cette fable : ce ne sont pas les ignobles kapos qui torturent des innoncents qui sont les plus coupables, mais les téléspectateurs. A part les victimes rabaissées au stade de bête sauvage sans sentiments et sans identité, ce sont ceux qui regardent cela qui sont les plus déshumanisés dans ce roman.
Je pense que cette déshumanisation est présente dans notre société et j'ai déjà été indignée par certaines émissions télévisées bouleversantes. En commençant par se nourrir de bestioles vivantes pour gagner une voiture, jusqu'au projet de diffuser des suicides en direct ! Si notre société continuer sur ce chemin, nous en arriverons peut-être à vivre quelque chose de similaire à ce roman. C'est tout comme. Bref, c'est essentiellement ce coté du roman qui m'a séduite. J'ai toujours adoré les dénonciateurs ^^
Ensuite, concernant les personnages, nous avons Pannonique, alias CKZ-114, femme forte et ingénue, qui mérite son statut d'héroïne car elle ne profite pas de ses petits privilèges sans penser aux autres. En effet, bien que Zdena, la kapo de CKZ-114 qui tombe sous son charme, lui offre du chocolat et la frappe avec un fouet "moins douloureux", Pannonique refuse ses avances et ses cadeaux, si ce n'est pour les partager avec le groupe. De plus, c'est elle qui va se rebeller pour essayer de résister au système, ce qui est généralement l'objectif de tout héros. De l'autre côté, Zdena est ignoble : comment peut-on penser qu'elle soit capable d'aimer ? Je n'ai rien ressenti par rapport à ce "monstre", si ce n'est de la pitié.
EPJ-327 n'est par contre peut-être pas assez développé à mon goût, je ne me suis pas du tout attachée à lui. Même si son histoire n'est pas le sujet central, j'aurais apprécié un livre plus épais (il est en effet très court) avec plus de détails concernant EPJ-327, ou encore les autres personnages secondaires auxquels je n'ai pas eu le temps de m'attacher avant qu'ils ne s'effacent de l'histoire d'une manière ou d'une autre. Ce serait le seul reproche à émettre de mon côté : le récit ne se résume qu'à cette dénonciation, sans étoffer davantage la fiction. C'est dommage.
Enfin, un petit mot concernant le style d'Amélie Nothomb que j'ai découvert à travers ce livre : son écriture est très concise, mais suffisante. Le livre est extrêmement court, mais le message essentiel est passé.
En conclusion, je vous conseille vivement à tous de découvrir ce roman de la célèbre Amélie Nothomb qui est selon moi le seul de l'auteure qui se détache des autres. Il vaut la peine et, étant donné sa longueur, vous ne devriez pas regretter si vous faites partie de ceux qui n'aiment pas (oui, il y en a aussi ^^).
Septembre 2008